Origines

Deux demoiselles, originaires de Lyon, travaillant à l’entretien du séminaire, sont à l’origine des pèlerinages à Notre Dame d’Afrique: Marguerite Berger, appelée mademoiselle Agarithe et Anna Cinquin.

La construction de la basilique a duré 14 ans. Le gros œuvre a été réalisé entre 1858 et 1866 sous l’épiscopat de Mgr Pavy. Le Cardinal Lavigerie achèvera les travaux en 1872.

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Les chrétiens ont connu en Afrique du Nord une rapide expansion dès les premiers siècles de l’ère chrétienne. Leur souvenir est parvenu jusqu’à nous et se retrouve en cette basilique. Il y eut parmi eux de grands penseurs dont le plus célèbre est Saint Augustin, évêque d’Hippone (Annaba). Il reste de cette époque de nombreux vestiges: mosaïques, ruines d’églises, inscriptions.

Sous la pression musulmane, peu à peu, les chrétiens disparurent. Pendant la période ottomane, du 17ème au 19ème siècle, des chrétiens, surtout européens, étaient présents sur le littoral d’Afrique du Nord, comme consuls, commerçants, esclaves, prisonniers de guerre, ou religieux.

Lors de la colonisation en 1830, la présence chrétienne reprit et un évêché fut érigé à Alger (ancien Icosium).

Le 1er évêque nommé fut Antoine-Adolphe Dupuch. Il travailla à l’installation d’églises et de paroisses. C’est lui qui acquit, grâce à la générosité de jeunes filles lyonnaises, une statue de bronze, nouvellement créée, sous le vocable de la « Vierge fidèle ». 
En 1846, Mgr Louis-Antoine-Augustin Pavy lui succéda. Il venait de Lyon. Deux jeunes femmes l’accompagnèrent : Agarithe Berger et Anne Cinquin pour s’occuper de l’entretien du séminaire établi dans la vallée des Consuls, où l’évêque avait sa résidence.
Les lieux sont très accidentés, adossés à la montagne de la Bouzareah et creusés de profonds ravins, avec une végétation de pins, de vieux oliviers et d’épineux. Dans leur piété, ces deux demoiselles installèrent une statuette de Marie dans le creux d’un vieil arbre, au fond du ravin tout proche. Très vite les chrétiens de St Eugène (Bologhine) y vinrent en pèlerinage. On appela ce lieu, tout naturellement, Notre Dame du Ravin.

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Mais cela ne suffisait pas à ces deux femmes, qui insistaient auprès de l’évêque pour qu’il construise une vraie église. Mgr Pavy hésitait par manque d’argent. Il prit sa décision le 8 décembre 1854 et très vite un comité fut mis en place, un architecte trouvé, un terrain bien situé, acquis. Un nom s’imposa : Notre Dame d’Afrique, parce qu’on avait conscience qu’Alger s’ouvrait sur l’immense continent.

L’architecte Fromageau, commença par construire en 1857 une petite chapelle provisoire – appelée aujourd’hui « chapelle St Joseph » – blottie derrière la grande basilique. Il fallait y mettre une statue de Marie. Mgr Pavy installa « la Vierge fidèle » que son prédécesseur avait reçu et qui se trouvait chez les pères trappistes à Staouéli. Les fondations de la basilique furent creusées à partir du 2 février 1858 et peu à peu la construction prit de l’ampleur. Le gros œuvre était terminé lorsque Mgr Pavy mourut en 1866. Une des nombreuses tâches de son successeurs Mgr Lavigerie consista à achever l’œuvre commencée.

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En 1872 l’archevêque put inaugurer la basilique, et le 2 juillet, il la consacra. L’année suivante, y intronisa la statue dite « Vierge fidèle », désormais appelée: Notre-Dame d’Afrique. Il sut obtenir du Pape Pie IX une double faveur : que ce sanctuaire ait le titre de « Basilique » (mineure), et que la statue de la Vierge soit couronnée.

De 1868 à 1873 l’animation spirituelle de la « chapelle provisoire » et de la basilique fut confiée aux moines Prémontrés de Saint-Michel de Frigolet dans la Montagnette en Provence.

Au départ des Prémontrés les Pères Blancs prennent la relève avant de céder la place au clergé diocésain. En 1930 les Pères Blancs reviennent et assurent toujours l’animation de la basilique.

Au fil des ans, au fil des fêtes mariales et des fêtes liturgiques de l’Église Catholique Romaine, et même chaque jour, visiteurs et pèlerins, ont gravi la colline avec les moyens de chaque époque : chrétiens et musulmans s’y côtoyaient. Dès le début, il avait été écrit sur le mur dans le chœur de la basilique : « Notre-Dame d’Afrique, priez pour nous et pour les Musulmans ». Peu à peu ces lieux boisés furent défrichés et une population de plus en plus nombreuse s’installa.

Tout prêt de la basilique, un Carmel apostolique avait été fondé en 1892 qui dût être abandonné en 1911. Un collège de garçons s’y installa à partir de 1920.Après la Grande Guerre, en 1920, l’archevêque Leynaud y installa un collège de garçons : Institution Notre-Dame d’Afrique. En 1975, il devint le Lycée Ibn Khaldoun.

En 1920, les sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie, sont appelées pour s’occuper d’un orphelinat de filles, et surtout, pour être chaque après-midi adoratrices du St Sacrement à la basilique. Pour loger les aumôniers, l’archevêché acheta l’hôtel Charmant Séjour de Mr Bompard, qui avait été édifié vers 1900. Le logement des prêtres s’y trouve toujours.

Mgr Leynaud eut à cœur de moderniser et de décorer la basilique. Ainsi il pourvut à la première électrification en 1921. En 1930 il fit construire la tribune pour recevoir le grand orgue donné par Mr Weddell. En 1937 une fresque fut peinte dans l’abside du chœur par l’artiste belge Emile Deckers. Dégradée par les infiltrations des pluies, il fallut pourvoir à son remplacement en 1993.

La 1ère croix sur le dôme date de 1866. La basilique est une construction très solide, résistante aux séismes, mais qui subit l’assaut des pluies et des vents qui rongent peu à peu certaines pierres, et les joints au mortier de sable et de chaux utilisés au 19ème siècle.

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Le chantier de restauration a eu lieu entre 2007 et 2010, redonnant à ce monument algérois toute sa beauté.
Un superbe album illustré a été édité pour garder la mémoire de ce moment historique, culturel et technique.