La basilique Notre-Dame d’Afrique a été édifiée grâce à la foi et à la ténacité de deux chrétiennes : Marguerite Berger et Anna Cinquin. Elles ont su convaincre l’évêque d’Alger de l’époque, Mgr Pavy (1846-1866) d’entreprendre la construction de l’édifice (1846-1866) qui fut finalement inauguré par le Cardinal Lavigerie en 1872.
Depuis, cette église a été un lieu de prière et de pèlerinage pour des générations de chrétiens qui venaient y prier pour eux-mêmes, pour leurs enfants, pour les marins en mer, pour les missionnaires partis au loin annoncer l’Evangile, pour les combattants, les prisonniers ou les malades.
Mais ce qui, dès le début, allait donner à Notre-Dame d’Afrique sa signification particulière, ce fut l’affluence à ce sanctuaire de la population algérienne musulmane. Très tôt, en effet, elle devait s’associer à l’humble pèlerinage de Notre-Dame du Ravin, avant de venir visiter Lalla Meriem dans la basilique même. L’inscription de l’abside est d’ailleurs présente jusqu’à ce jour pour donner cette dimension de la prière dans la basilique : « Notre-Dame-d’Afrique, priez pour nous et pour les musulmans. »
Dépassant les barrières établies par les docteurs de la Loi entre les confessions religieuses, la foi toute simple des croyants venait, en ce lieu, prier Marie, parfois sans savoir que l’une des sourates du Coran porte le nom de Marie, seule femme désignée par son nom dans le livre de l’Islam ; et bien souvent en ignorant qu’un autre texte rejoignait les paroles même du « Je vous salue Marie », ou celle de la rencontre entre Marie et Elizabeth au jour de la Visitation : « les anges dirent : ô Marie ! Dieu t’a choisie, en vérité, il t’a préférée ; il t’a choisie de préférence à toutes les femmes de l’Univers » (sourate III, v.42).
Les savants du christianisme et de l’Islam cherchent dans leurs sources les arguments théologiques qui peuvent fonder le respect et la paix entre les deux confessions. Mais la simplicité de cœur des croyants ordinaires les conduit, tout naturellement ensemble, vers la maison de Marie – Madame l’Afrique – pour y présenter à Dieu leurs supplications ou leur action de grâce. Les murs de la basilique témoignent de cette ferveur et rendent visible la foi des humbles, priant Dieu avec Marie.
Cette vénération qui dépasse les frontières des communautés religieuses vient de trouver une consécration très significative, à travers l’engagement ensemble de structures publiques ou privées algériennes, françaises ou européennes, dans ce grand œuvre de la restauration de la basilique. L’effort, plus que jamais nécessaire, pour établir la paix entre les deux grands univers chrétiens et musulmans, trouve donc, dans la basilique de Notre Dame d’Afrique, un symbole éloquent, placé au-dessus du quartier populaire de Bab el Oued et visible dès l’entrée dans la baie d’Alger pour qui s’approche de la ville en bateau. C’est un don de Dieu pour la Paix et il nous est donné sous le vocable de « Notre Dame d’Afrique ».
Monseigneur Henri Teissier, archevêque émérite d’Alger (+ 2020)